Cher Journal - épisode 2

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Le 24 février 2012
 
Cher Journal
 
On ne démentira pas l'organisation : une limousine nous attend pour nous emmener à l'aéroport. Oui. A quatre heures du matin, moi, je vois une limousine. Antoine nous prend en photo à l'enregistrement, on va être beaux, tiens, faut pas que j'oublie d'installer photoshop en rentrant. Les sourires sont là : on est crevés, on s'en fout, on part, les retrouvailles avec le Maroc pour Hélène, Florence et Antoine, le baptême pour Ariane et moi. Donc, on sourit. Surtout Ariane. 
 
Vol sans souci, nous dormons tous. Et Florence parle. Antoine met ses boules quiès. Nous l'envions tous un peu. Hélène trouve la solution miracle grâce à un lever de soleil magnifique et à un petit déjeuner Easyjet : quand Florence mange, ça fait une pause. A noter pour la suite, cher journal. Heureusement, côté Maroc, c'est Abdou le guide, et c'est lui qui prend la main. Voilà, d'ailleurs, on atterrit. Les filles s'enfuient se rafraîchir, et Antoine et moi gardons les 8998696435 kg de bagages de ces dames, qui reviennent comme des fleurs. Mouais. Premiers dihrams. Florence nous fait quelques remarques sur l'architecture de l'aéroport... qui s'arrêtent subitement à la vue du guide. On n'en saura jamais plus sur le design du bâtiment. Il faut dire que le guide est chaleureux, et nous partons rapidement vers une voiture/minibus/car, bref, un truc où on tient à 9 auquel nous ne donnerons jamais un nom précis. 
 
Et c'est parti. On quitte rapidement Marrakech, dont nous apercevons quelques bâtiments, couleur ocre, et nous voilà déjà dans la plaine, pointant droit sur les montagnes. Il fait... brumeux. Ca râle du côté des filles. Tu me diras, cher journal, je suis aussi moi-même un peu embêté. Oui parce qu'avec la focale 124 et mon objectif c6-200, je ne suis pas sûr d'avoir le bon résultat au niveau de l'exposition. M'en fous, j'ai huit batteries, dix cartes mémoires de 80 gigas, pour la première journée, ça devrait aller. Mince... les vitres sont pas propres. Et visiblement, il y a peu d'arrêts prévus pour les 7 prochaines heures. Damned. On commence à grimper. Merci au conducteur expert qui nous berce à 60km/h, c'est chouette après quand même une petite nuit et l'avion. Villages en terre crue, amandiers en fleurs. C'est beau. Hop, 79869869 photos. 
 
Première micro pause, le temps d'un thé à la menthe. Il doit faire -15° : Antoine est vissé au coin de la cheminée et refuse de sortir, Ariane a mis sa combi de ski, et Hélène et Florence ont perdu leurs doigts en se lavant les mains au toilettes. Les paysages s'enchaînent, les terres se font plus arides et sèches, la route plus sinueuse, à cheval sur des arêtes. Pause déjeuner avec le col. Restaurant en terrasse, façon resto d'altitude au ski. Razzia des filles sur les chaises au soleil. Bon. A 2000m, le soleil tape, et Florence me prête son écharpe. Premier chèche improvisé. La brochette de filles fait bronzette, et Abdou passe commande de tajines. Tout est calme jusqu'à l'arrivée des plats. Est-ce le mal des montagnes ? Le jet-lag ? L'euphorie de l'altitude ? En dix minutes, Antoine et moi, qui partageons un tajine avec Hélène, voyons disparaître la totalité du plat, huile et oignons compris. On comprend qu'il s'est passé quelque chose, mais quoi ? Hélène, imperturbable, bronze à nouveau au soleil, détendue et souriante. On quémande quelques morceaux chez Ariane, Florence et Abdou. Bon. Nouveau regard entendu entre Antoine et moi : Hélène est en fait à éviter pendant les heures des repas. 
 
Nous reprenons la route. Hélène s'endort. Tu m'étonnes, elle digère. Encore quelques kilomètres devant nous, et c'est peu dire. Quelque chose m'intrigue, cher journal. Florence est remarquablement calme. Même, elle a quitté l'arrière de la voiture/minibus/bus pour rejoindre le guide devant. Elle discute, mais calmement, souriante, presque comme apaisée. Je me demande si... oh non, quand même pas : y aurait-il quelque chose entre elle et le guide ? Décidément, ce voyage en terre marocaine est palpitant à tous les points de vue.  Mais nous voilà au col, et... il neige. Je doute, une angoisse m'étreint, Antoine aussi. Ariane, elle sourit. Avons-nous bien précisé que nous voulions voir le DESERT ? Non, parce que là, présentement, je photographie une cascade de glace, et il neige, tout de même. 
 
Bascule côté Ouarzazate. Les reliefs sont font moins aigus, la couleur ocre revient rapidement. Ca roule, ça tourne, ça roule, ça tourne... Antoine vire au gris. Heureusement, Florence-oeil-de-lynx (transformée, je vous dis) fait arrêter la voiture, et nous faisons une pause. Hélène s'étire, Abdou et le conducteur font quelques pas avec Antoine, et Ariane sourit. Changement de couleur d'Antoine, nous reprenons le machin-chose roulant. Après 5h de route, nous touchons aux abords de Ouarzazate : même chose, quelques aperçus, les studios de cinéma avant la ville, les bâtiments de bords de route... on file. Arrêt à l'hôtel du retour pour déposer quelques affaires. On n'arrive pas à décrocher de la piscine. Après l'avion, le bidule-truc, ça fait envie. Mais c'est froid. Monte avec nous Mohamed, le cuisinier des prochains jours. On fait tous les timides, mais on est bien contents de le rencontrer. Hélène a un sourire carnassier qui fait un peu peur. On grimpe à nouveau, immenses espaces, derrière Ouarzazate.
 
Le temps s'étire, on cherche le sable. Pas encore. Mais voilà la palmeraie du Drâa, un immense cordon végétal entre les roches dénudées. C'est beau. Bon, moi, ce qui m'intéresse beaucoup plus depuis un moment, c'est le rallye des 4L : Abdou m'a parlé de 2000 voitures, je vais toutes les photographier, ce sera chouette dans mon album. On longe maintenant des routes bordées de palmiers. Ca sent le désert, un peu comme on attend de voir la mer en allant à la plage. Arrêt à Zagora pour prendre de l'eau. J'aime quand cela veut dire aussi qu'on s'arrête devant une pâtisserie. Antoine et moi déboulons comme des fous du minibus-car-voiture, on double les filles, on se marche sur les pieds : prem's à avoir un gâteau donné par Abdou qui joue au pâtissier. Mmmmmh, c'est bon, le sucre, l'huile et la pâte. On choisit à l'aveugle, on se régale. Les filles picorent déjà les quelques miettes qui restent sur leur papier, et nous on déguste encore. Enfin... rapidement, car elles lorgnent de vraiment trop près sur nos gâteaux. Ch'est délichieux, les pâticheries marocaines. Je comprends pourquoi on est venu chercher de l'eau. Il me faudra mes deux litres pour étancher la soif qui suit mon gâteau. On repart.
 
Ca ressemble au jour sans fin. Paraît qu'on arriverait avant la nuit. Bon, ben, c'est presque ça. Les reliefs se découpent sur les montagnes, la lumière est meilleure pour les photos, chic. Je ne sais pas pourquoi, je sens une certaine crispation à chacun des "clic" de mon appareil. Bah, je dois me tromper. Mais là, on voit le sable, ça y est. Enfin, on le voit... Il fait nuit. Là, cher Journal, je n'en mène pas large. Le machin-bus quitte la route, prend une piste. Abdou sort de la voiture et court devant nous. On ne sait pas où on roule. Le guide vient de nous abandonner, et, à part Ariane qui sourit, je ne sais pas trop ce que nous allons devenir. On déballe tout comme des fous à la lueur des phares. Enfin, disons qu'il y a le groupe super actif : l'équipe marocaine, certainement douée de vision nocturne, et il y a le groupe lapins-dans-les-phares, justement. On est claqués, nos gestes ne sont pas très précis, et nous sommes complètement abrutis de fatigue. Je m'énerve contre ma lampe qui ne fonctionne pas, nous montons nos tentes à l'aveugle, pendant que la tente du repas est déjà prête et que le repas, d'ailleurs est quasi prêt. Je te dis, cher journal, il y a des phénomènes spatiaux-temporels étranges. La nuit fait que nous n'avons aucune idée du lieu où nous nous trouvons, on a débarqué au milieu de nulle part. La soirée sous la tente est chaleureuse. Tant mieux parce que c'est la Sibérie dehors. Et Hélène accepte de sortir les chocolats offerts lors de notre arrivée chez elle pour les partager avec tout le monde. On s'écroule dans les tentes, crevés, glacés, interloqués, mais heureux d'être enfin sous des milliers d'étoiles. Ariane sourit sous sa tente. Autre phénomène paranormal, le sourire d'Ariane s'entend. On n'a pas fini d'être étonné, cher journal, mais moi, je suis toujours très énervé contre cette lampe torche que j'essaie de faire marcher... jusqu'à ce qu'on me crie de laisser tomber. Bon. Je dors. A demain.
 
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Publié dans Désert Marocain

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